Piqué au vif, le gouvernement a enfin réagi, mercredi 28 octobre, aux critiques de la Cour des comptes sur la très chère présidence française de l’Union européenne, formulées dans un rapport remis à la commission des finances du Sénat et dévoilé par Mediapart. Alors que l’institution financière souligne «le coût parfois élevé des opérations» (menées du 1er juillet au 31 décembre 2008), leur «utilité publique variable», et le caractère «parfois dérogatoire, voire irrégulier, des procédures suivies», le ministre du budget, Eric Woerth, a répliqué sur RMC: «On n’a pas à rougir!», assumant les 170 millions d’euros déboursés en six mois – environ un million par jour.
Si l’exécutif a été contraint de réagir, c’est que l’opposition s’est emparée mercredi du sujet. Tout en admettant que «la France doit s’affirmer» et «que cela coûte de l’argent», le député socialiste Pierre Moscovici a déclaré: «Le budget de la présidence française de l’UE était beaucoup trop élevé.» «Un million d’euros par jour, cela n’a pas grand sens, a ajouté l’ancien ministre délégué aux affaires européennes de Lionel Jospin. Cette présidence s’annonçait comme un Sarko-show; c’est ce qui s’est passé. Les Français paient pour le Sarkoshow.»
René Dosière (apparenté socialiste), qui s’est fait une spécialité de décortiquer le budget de l’Elysée, s’est également indigné «de tels gaspillages», insistant sur les 16,6 millions d’euros dépensés pour le sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM) du 13 juillet 2008, qui avait nécessité un aménagement faramineux du Grand Palais (91.000 euros de moquette, 650.000 euros de climatisation, etc.).
Revoir la facture de cette manifestation:

Le coût du dîner offert aux 43 chefs d’Etat étrangers (venus avec leurs invités) lui est resté en travers de la gorge: «1.010.256 euros, soit 5.050 euros par personne!», a-t-il calculé. «Alors que tous les Français doivent se serrer la ceinture, apprendre que le chef de l’Etat organise, avec l’argent des Français, un repas qui coûte 5 fois le Smic par personne, c’est inimaginable et intolérable! On se dit que le président de la République a perdu pied avec la réalité. Il doit arrêter de dépenser sans compter.»
Au fond, la gauche répète avec des mots plus durs ce que le centriste Jean Arthuis, président de la commission des finances du Sénat (membre de la majorité), avait exprimé en termes plus policés dès sa réception du rapport: «Toutes [les manifestations] n’étaient pas indispensables», avait-il glissé, jugeant que certaines d’entre elles (à l’image de la réunion de lancement de l’UPM) avaient «entraîné des dépenses importantes», sans que leur nombre ait «contribué au succès de la France, qui se juge sur deux ou trois événements, comme la gestion de la crise ou de la guerre en Géorgie»…
Mercredi, même Jérôme Chartier (député UMP) semblait gêné: «L’exemple doit venir tant de l’exécutif que du Parlement», a-t-il soufflé à l’AFP, dans les couloirs de l’Assemblée. «En période de crise, on doit faire attention aux dépenses», a aussi relayé Maurice Leroy, son collègue du Nouveau centre…
Devant cette avalanche de critiques, le gouvernement et l’UMP ont donc tenté de réfuter toute largesse – sans convaincre. Voici un décryptage, point par point, de leurs réponses. (more…)