Gérard Longuet est rattrapé par son passé de conseiller chez GDF-Suez
A peine nommé au ministère de la défense, Gérard Longuet voit les ennuis judiciaires s’accumuler. Alors que l’avocat des familles des victimes de l’attentat de Karachi demande son audition par le juge d’instruction Van Ruymbeke, le nouveau ministre pourrait se voir reprocher une «prise illégale d’intérêts» à la suite des fonctions de conseiller qu’il a exercées dans le cadre d’un contrat avec GDF-Suez entre septembre 2008 et décembre 2009.
Une plainte contre X pour «corruption active et passive, prise illégale d’intérêts, recel, blanchiment, escroquerie, abus de confiance, abus de biens sociaux» va être déposée auprès du procureur de la République par Jean-Marie Kuhn, actionnaire minoritaire de GDF-Suez, comme l’a annoncé en premier L’Express. Elle vise Albert Frère, premier actionnaire du groupe, accusé de gestion de fait, le groupe GDF-Suez et Gérard Longuet (lire le texte de la plainte ici).
«Pendant ces quinze mois, Monsieur Longuet, au Sénat, va défendre les positions favorables à GDF-SUEZ notamment en vue de l’adoption de la loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité). On comprend aisément les véritables motivations de monsieur Longuet qui se trouve dans une situation incontestable de prise illégale d’intérêts sous couvert d’une hypocrisie majeure en faisant miroiter la défense du bien commun alors qu’il est rémunéré par GDF-Suez. On comprend aussi pourquoi ni GDF-Suez ni monsieur Longuet n’ont jamais osé produire le contrat qui les lie, ce qui m’interdit malheureusement de le joindre à la présente malgré son importance majeure», est-il écrit dans la plainte.
Mediapart avait révélé l’existence de ce contrat de conseil passé entre Gérard Longuet, alors président du groupe UMP au Sénat, et GDF-Suez en juillet 2010. Le groupe et Gérard Longuet avaient confirmé l’existence de ce contrat ayant pour objet, selon leurs déclarations, « le développement du nucléaire dans le monde». Ni l’un ni l’autre n’y voyaient le moindre conflit d’intérêts ou détournement de la loi. Ils avaient refusé d’en révéler le montant.Selon nos informations, le montant se serait élevé autour de 450.000 euros, une partie étant payée directement à sa société de conseil Sokrates et une autre directement à l’intéressé. Interrogé, un porte-parole de GDF-Suez nous a déclaré ne pas être en mesure de confirmer ou d’infirmer ces chiffres. Il a assuré, en revanche, que le contrat avait été passé avec la seule société de conseil de Gérard Longuet. Cette dernière n’a pas déposé de comptes depuis 2009 auprès du tribunal de commerce. (more…)