Le naufrage de Dexia et après…
L’aventure désastreuse de la banque franco-belge (et un peu luxembourgeoise) Dexia est un résumé des effets de la déréglementation financière : de la privatisation du Crédit Local de France en 1996 au démantèlement de Dexia en 2011, en passant par la création de Dexia, sa plongée à corps perdu dans la spéculation, son refinancement sans contrepartie par les Etats français, belge et luxembourgeois en 2008, la continuation de ses activités spéculatives, jusqu’au naufrage final en octobre de cette année.
Aujourd’hui, c’est aux Etats et à la Caisse des dépôts et consignation, organisme public, de régler la facture. Les actionnaires qui avaient perçu pendant près de 15 ans des dividendes réputés réguliers et copieux font toujours l’objet de toutes les attentions des gouvernements belge et français.
Le sauvetage de 2008
Jusqu’à la fin des années 1980, le Crédit local de France, filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est un organisme public.En 1996, le Crédit local est privatisé. Il fait son entrée en bourse et fusionne avec le Crédit communal de Belgique pour créer Dexia, une banque spécialisée dans le financement des collectivités territoriales.Dexia multiplie ses acquisitions. D’abord en absorbant des banques spécialisées dans le crédit aux collectivités territoriales en Italie et en Espagne.
Puis, en 2000, Dexia élargit considérablement son champ d’activité en rachetant, aux Etats-Unis, FSA, spécialisé dans l’assurance des titres financiers qui subira de plein fouet la crise bancaire de 2007-2008. Très bien notée par les agences de notation, Dexia rachète également la banque Labouchere qui lui fera perdre plusieurs centaines de millions d’euros. La banque en question avait incité ses clients à acheter à crédit des actions (notamment celles dites « des nouvelles technologies »). Le krach de 2001 les a ruinés. Ils ont demandé des comptes à Dexia.
Dexia n’omet surtout pas, après 2002, de se lancer dans la spéculation sur les subprimes et les produits dérivés.
En 2008, les gouvernements français et belges interviennent massivement (6 milliards d’euros) pour sauver les actionnaires de Dexia qui croulent sous les actifs toxiques. L’Etat et les régions belges financent le sauvetage pour près de 3 milliards d’euros. La CDC apporte 1,8 milliards d’euros et l’Etat français 1,2 milliards. (more…)