Seul au centre, Bayrou réfléchit à des alliances
«Si la guerre des deux perdure, c’est la certitude de l’échec (…) Cette bipolarisation porte en elle le crétinisme de la démagogie.» Ainsi François Bayrou qualifie-t-il, dans son livre 2012 Etat d’urgence, les déchirements entre le PS et l’UMP. Lui se situe toujours pile au milieu. En plein centre. De ce point de vue, rien n’a changé depuis 2006-2007. Mais pour que le centre pèse, il doit attirer des forces plus larges, en ralliant en dehors du MoDem, «au centre-gauche et au centre-droit», disent ses proches.
Marielle de Sarnez, numéro 2 du MoDem, le répète, plusieurs fois. «C’est un des enjeux de la présidentielle que de tourner la page: créer les bases d’une majorité plus large, pour qu’on puisse conduire des grands projets pour la France.»
Il est bien difficile néanmoins de comprendre ce que recouvre le terme «majorité plus large». Jean-Luc Bennahmias, député européen et vice-président du MoDem, se risque à une explication: «C’est assez simple. Sans parler de parti politique en particulier, il s’agit d’avoir pour le pays un regroupement des forces démocratiques du même style, toutes proportions gardées bien entendu, que ce qui s’est passé après 1945.»
Alliance? Coalition gouvernementale? Sièges de députés négociés aux législatives? Les cadres du MoDem ne parlent pas en ces termes et cultivent un certain mystère. Mais ils reconnaissent que la stratégie 2012 de François Bayrou sera différente de celle de 2007. Jean-Luc Bennahmias analyse: «Le changement, il le dit sur tous les tons. C’est une logique de soir du premier tour. Il y aura des négociations au soir du premier tour.»
De quoi rassurer certains élus locaux, bien démunis en 2007: «Les gens ne savaient pas où il allait», analyse Alain Cazabonne, maire MoDem de Talence (Gironde). «Il n’aurait pas dû dire qu’il allait rencontrer les deux candidats, parce qu’à partir du moment où il n’a vu que Ségolène Royal, les électeurs centristes ont eu l’impression qu’il était passé à gauche.» Et de conclure: «Je pense que cette fois, s’il n’est pas au second tour, il fera un choix clair, sinon, on s’en sortira pas.» (more…)